Bandits-Mages en coproduction avec Emmetrop vous propose de participer du 22 au 30 juin 2018 à Trans*Plant : Ma maladie est une création artistique, un atelier en trois parties qui combine des aspects pratiques sur les techniques de WetLab*, une approche du cadre bio-médical à travers l’étude d’un cas concret, ainsi qu’une réflexion sur la manière dont la mise en contact entre art et science génère de nouvelles perspectives de travail sur les thèmes bio-médicaux.
Cet atelier est basé sur le travail développé tout au long de l’année 2017 à Barcelone par le groupe Quimera Rosa dans le cadre du laboratoire Prototyp_ome formé par le centre de production et recherche artistique Hangar, le Parc de Recherche Biomédicale de Barcelone, DIYBio BCN et le collectif transhackféministe Pechblenda.
Dates du : 25 au 28 juin 2018 de 18h30 à 22h30 // le samedi 30 juin de 14h00 à 18h00
Aucune connaissance préalable n’est nécessaire.
L’atelier est limité à 12 places.
La participation à l’atelier matériel inclus s’élève à 75€ (tarif normal) et 50€ pour les étudiants, demandeurs d’emplois, adhérents.
L’atelier se structure autour de trois axes interconnectés :
1 – Pratiques DIY/DIWO BioLab :
- Présentation du lab et de ses outils
- Adaptation des conditions d’un laboratoire biomédical à celles d’un biohacklab
- Normes de sécurité et légales
- Conditions de stérilisation et de conservation des outils et produits utilisés
- Utilisation du microscope
- Culture de cellules et organismes vivants (champignons / bactéries)
- Extraction de chlorophylle et possibles usages
2 – Étude d’un cas concret : HPV (Virus du Papillome Humain) / PDT (Thérapie Photo Dynamique)
- Présentation de la PDT et du HPV
- Recherche et obtention de papers(articles académiques)
- Choix d’un protocole d’expérimentation
- Connexion avec d’autres disciplines scientifiques comme la physique : notions pour travailler avec la lumière (spectre électro-magnétique, longueur d’onde, fréquence, intensité…)
- Voyage à travers le miroir bio-médical : devenir Oncomouse®.
3 – Auto-expérimentation et performativité comme méthodes de recherche
- Réflexion collective sur les manières d’établir une recherche transdisciplinaire art et science
- Bref rappel historique géolocalisé sur la séparation entre ces deux disciplines
- Performativité de laboratoire (objectivité, vérité…)
- Interdépendance entre la biologie et les systèmes (artistiques) de représentation visuelles (dessin, photo, vidéo, 3D, modélisation…) comme systèmes de vérification (Foucault).
- Outils de traduction (translation) à mettre en place face à des notions comme : corps, vie, vérité, représentation, maladie, sexualité, individu, expert…
Vendredi 22 juin à 20h30 *
Présentation publique de l‘atelier
Nous inaugurerons la première partie de la programmation audio-visuelle Ma maladie est une création artistique par une rencontre à distance avec Dani d’Emilia autour de sa performance U TE(A)R US.
U TE(A)R US (1) – Aujourd’hui je suis libre (Performance durationnelle, Brésil)
Le 19 janvier 2017, je suis devenu un corps sans utérus. J’ai accouché de mon utérus en une action art-vie, rendant visible cette complexe sculpture socio-corporelle nourrie depuis 34 ans par des systèmes biologiques et idéologiques qui agissaient en moi. Les 18 et 19 mars, deux mois après la chirurgie, mon utérus et moi avons interagi de façon extra-corporelle au cours d’une action durationnelle de 34 heures (une heure pour chaque année passée ensemble). J’ai pendant ce temps senti son poids, composé non seulement par sa matérialité, mais aussi par les significations personnelles, les pressions sociales et les pouvoirs institutionnels qui opèrent sur cet organe.
(1) Le titre U TE(A)R US est un jeu de mots où le mot utérus se confond avec l’expression vous nous déchirez.
Mes profonds remerciements à tout.e.s les (trans)féministes dont les productions m’ont aidé à donner un sens à ce processus, et à mes ami.e.s et à la famille élargie qui m’ont soutenu dans ce parcours. Ce travail n’aurait pas été possible sans le soutien physique et émotionnel de ma mère Meris Maria Slomp et le talent et la générosité de l’équipe de la Dre Heleusa Mônego (Chirurgienne), Dre Razyane Aubert (Auxiliaire), Dr Fábio Petry ( Anesthésiste) et tout.e.s les fonctionnaires de l’Hôpital des Cliniques de Porto Alegre qui m’ont aidée dans l’extraction et la réappropriation de mon utérus.
Voir le site de Dani d’ Emilia
Vendredi 29 juin – 14h00 20h30 *
Open Lab Trans*Plant
Samedi 30 Juin – 18h30 *
Restitution publique de l‘atelier
Nous terminons la programmation audiovisuelle Ma maladie est une création artistique par la projections de vidéos du collectif Oncogrrrls et conversation à distance avec Caro Novella.
« Eve Kosofsky Sedgwick, poète et auteure de « l’épistémologie du placard », l’un des textes de départ de la théorie queer dans les années 90, a déclaré que son cancer était une expérience de déconstruction incarnée. L’expérience personnelle de la maladie nous place sur le terrain où, à partir du biomédical, les normes sociales et culturelles qui traversent nos corps sont configurées. Les frontières des binômes santé / maladie, médecin / patient, sujet / objet d’étude (parmi tant d’autres !) deviennent visibles. Futur et passé se rencontrent dans un espace où le présent devient plus dense. Alors que les dispositifs de contrôle sont activés pour maintenir fixes les structures normatives, la maladie nous offre l’opportunité de transitionner, physiologiquement, par de multiples réalités spatio-temporelles.
L’art, en particulier les processus d’essai et de création, dans sa qualité d’exploration de l’inconnu, nous offre un autre espace où rendre présentes les forces qui nous ligotent et, en même temps, d’assister à de multiples possibilités d’existence : le présent devient plus dense. C’est peut-être pour cette raison que l’on nomme « présence » cette force gélatineuse qui nous absorbe en tant que public, et à participer, avec tous les pores de notre peau, à ce qui se passe. Les cicatrices, dans l’art, deviennent des mille-pattes, des trous spatio-temporels qui « hackent » les récits uniques sur la vie.
Les féminismes – depuis la science, l’art et la maladie – ont une longue histoire d’articulation de vies hors normes : des modèles pour générer des connaissances situées et des connexions partielles, des pratiques pour tisser des densités affectives vers des plans multiples d’existence et des processus collectifs créant de nouveaux mondes, de nouvelles histoires, de nouveaux récits, de nous/autres, de possibles. »
Suivie de la présentation de deux projets de l’artiste Lechedevirgen Trimegisto : « L’arbre de sang » et « Espérance de vie ».
« « L’arbre de sang » est un projet interdisciplinaire qui combine performance art, vidéo et hémodialyse. Ce projet dissout et coagule l’expérience de l’artiste face à des séances consécutives d’hémodialyse, une thérapie de remplacement pour les personnes atteintes d’insuffisance rénale en phase terminale, dans laquelle tout le sang de l’artiste a été drainé en le reliant à une machine pour le purifier des toxines, à travers un cathéter inséré dans son cou et placé par la veine jugulaire à quelques centimètres de son cœur. » Mexique, 2017.
En savoir plus sur : L’arbre de sang
« Espérance de vie »
« Juste à l’occasion du premier anniversaire de l’opération, ma mère (donneuse) et moi (récepteur) avons parlé du processus de transplantation rénale. Je mange mon propre cordon ombilical, fragment que ma mère a gardé pendant 27 ans, pour le réintégrer dans mon corps. J’ai donné à ma mère une copie en or du cordon, sous la forme d’une médaille. Nous partageons un gâteau avec le public en guise de célébration. »
En savoir plus sur : Espérance de vie
* Entrée : participation libre (hors atelier)
Trans*Plant: Ma maladie est une création artistique est basé sur un projet d’auto-expérimentation médicale sur condylomata acuminata, une MTS (Maladie de Transmission Sexuelle) produite par une souche du HPV (Virus du Papillome Humain) avec laquelle coexiste une composante de Quimera Rosa. Il est basé sur l’élaboration des protocoles et outils nécessaires pour traiter cette MST avec une technique médicale appelée Thérapie PhotoDynamique (PDT). La PDT est une technique très peu invasive, de bas coût et ayant de très bons résultats thérapeutiques sur cancers localisés et virus comme l’herpès. Elle utilise la combinaison d’une substance photosensible et son activation par une source de lumière qui provoque un mécanisme de mort cellulaire. Si cette technique compte avec les résultats de nombreuses recherches scientifiques, elle n’est pour l’instant que très peu accessible (essentiellement des cliniques privées et certains centres publics de pointe).
L’objectif principal est, comme disent les hackers, d’ouvrir la boîte noire, ou, comme disaient les activistes affectés par le SIDA, d’ouvrir la pilule.Il s’agit de répliquer et libérer afin de rendre accessible les outils et protocoles de cette technique bio-médicale.
Il s’agit également, depuis la pratique artistique et à travers la dimension performative de l’auto-expérimentation, participer à la création d’une masse critique d’usagerEs expertEs afin de pouvoir établir un dialogue critique avec la (les) institution(s) sanitaire(s). Et pour cela de rompre avec les tabous associés avec le corps malade. Un corps est toujours un corps malade et, en considérant la maladie comme faisant partie de la vie-même, celle-ci peut devenir un outil créatif pour déconstruire les processus de normalisation produits par la notion de corps sain.
Transplant-my-disease-artistic-creation
Cette recherche est destinée à se poursuivre au cours des prochaines années dans le cadre de collaborations transdisciplinaires internationales.
Culture de cellules humaines en milieu végétal, résultats de biopsies, images de microscope jouant une proximité étrange avec la pellicule argentique, pratique de laboratoire, son esthétique-fiction, «TRANS*PLANT, MA MALADIE EST UNE CRÉATION ARTISTIQUE», ou comment celle-ci n’est plus un arrêt dans une vie et un prétexte à la nostalgie, mais un passage vers autre chose de fondamentalement vivant et porteur de récits.
Ici un film généré depuis la pratique d’un groupe d’artistes-laborentins.
Pour plus d’infos contactez Olivia EARLE au +33 (0)2 48 50 42 47