Soirée Écosex
Vendredi 16 mars 2018, 20h30
le 23 Avril 2019
Conception et présentation : Isabelle Carlier (Bandits-Mages), intervenants : Paul B. Preciado (philosophe), Erik Noulette (Emmetrop)
La soirée, consacrée à la projection du film de Beth Stephens avec Annie Sprinkle, Good bye Gauley Mountain, est introduite par Paul B. Preciado qui explicite la notion d’écosexualité en tant que critique radicale de l’économie politique et de l’écologie normative. Il retrace en images la carrière d’Annie Sprinkle. Erik Noulette propose un retour en images sur quatre moments-clés de l’œuvre artistique et activiste d’Annie Sprinkle et Beth Stephens, qu’il a organisés ou auxquels il a participé.
Paul Preciado évoque les liens et correspondances entre les travaux de Nathalie Magnan et d’Annie Sprinkle et Beth Stevens, leurs rencontres à Bourges, avec Erik Noulette, les collaborations entre l’école d’art et la friche culturelle.
Il explicite la notion d’écosexualité comme critique radicale de l’économie politique et de l’écologie normative et insiste sur la prolifération de cette notion, au-delà des États-Unis, en Europe, en Amérique du Sud et ailleurs dans le monde.
Il retrace en images l’histoire d’Annie Sprinkle, sa carrière pornographique très vite conçue comme pratique artistique, avant-même sa rencontre avec Fluxus au début des années 1980. Elle crée alors le Sprinkle Salon, plusieurs magazines, elle écrit (Sprinkle Report) et passe une thèse de doctorat. Elle prône la politisation du travail sexuel comme engagement féministe.
Investir les lieux du corps
Au début des années 2000, sa rencontre avec Beth Stephens, lesbienne activiste, sculptrice, engagée dans les nouveaux média, fait se rejoindre deux branches de l’activisme féministe. Le cancer du sein d’Annie les engage sur une production collaborative sur les lieux du corps, de la maladie, de la mort, de l’amour, le temps passé ensemble, le vieillissement.
À partir de là, elles inventent les rituels des mariages collectifs écosexuels qui remettent en cause l’écologie politique naturaliste normative issue du XIXe siècle, la binarité hétéro/homo-sexualités et l’emprise coloniale. Il s’agit d’une dénaturalisation de l’écologie et d’une redéfinition du sujet politique, ni humain ni animal, ni homme ni femme, ni nature ni culture mais autre chose… une prolifération des subjectivités. Il s’agit de mettre en question le lieu de la production des valeurs dans la culture contemporaine. Preciado évoque alors la performance d’Annie Sprinkle et Beth Stephens à la Documenta, Cuddling, perturbant l’espace du musée par l’installation d’un lit où faire des « câlins ».
Erik Noulette présente en images quatre moments du travail d’Annie Sprinkle et Beth Stephens, qu’il a organisés ou auxquels il a été associé : Faire l’amour avec Marcel D., exposition et performances au Transpalette à Bourges en 2007 ; workshopécosexe près de Bourges, dans une ferme du Berry, en 2013 ; convergence écosexuelle dans l’État de Washington ; Sex Free Clinic, cours gratuits de sexualité donnés dans la rue à Athènes et à Kassel pour la Documenta 2017.
Le film « Good Bye Gauley Mountain »de Beth Stephens avec Annie Sprinkle (2014, 70’) est projeté.
Les deux interventions, faites avec brio et humour, sont une excellente introduction au film, qui reçoit un accueil enthousiaste et chaleureux.
Le dernier acte de Nathalie Magnan a été d’appeler l’attention sur celles et ceux qui, chaque jour, tentent de traverser la Méditerranée au péril de leur vie. Pour répondre à ce voeu, nous vous proposons de soutenir l’association civile de sauvetage en mer, SOS MEDITERRANEE : http://bit.ly/2hpvb9Z.