Rémi Tamain

Rémi Tamain

Finissage: carte blanche à ARTKUNSTARRHYA pour une performance le jeudi 13 mars.
Vernissage le jeudi 28 février
En résidence de production à Bandits-Mages jusqu’au 15 mars.

Petit prolégomènes

Des oiseaux bleus habitent des maisons rouges.Rémi Tamain appartient à cette génération d’artistes qui s’amusent des échos référentiels de l’histoire de l’art et des œuvres promues au rang d’icône et reconnaissable par tous.
Ses références s’articulent depuis une « histoire » culturelle globale comme des clichés de classe sociale, d’être ou ne pas être d’un sérail que tout sépare.
Même si il joue de ces codes culturels, de ces va-et-vient, il s’attache davantage à des objets ou des productions comme des cabines de bains fin de siècle, ou l’idée de jardins à la française où Alice s’égare, plutôt qu’à des œuvres picturales en tant que telles.Depuis des situations décalées liées à sa propre origine et condition sociales, Rémi Tamain élabore un ensemble d’objets, de photographies, de sculptures, et constitue à chaque production, un élément supplémentaire de son vocabulaire et d’une syntaxe personnelle. C’est ce frottement des origines avec sa pratique artistique qui constitue à cet instant la source de son imaginaire et produit un sourire, un rire débarrassé de sa graisse

Ici, aucune incongruité, mais l’appui d’un humour élégant qui jalonne toute son œuvre en construction, dont Le nid, renferme en une pièce l’humour gracieux et le grincement formel de ses productions. Cette ornementation paysagère, comme phalanstère, propose aux volatiles un espace de vie et de travail tout en harmonie sur cette terre d’accueil.
Ces nouveaux foyers, sortes d’habitations à loyer modéré, sont accrochés au pommier dans un espace que l’on soupçonne être pour une contemplation privative. Cet accrochage de plein air est une sorte de « mise en demeure » des références circassiennes qui jalonnent le travail de Rémi Tamain et de cette obligation à la tenue, à l’élégance qui le constitue et que son travail impose parfois comme Miroir aux alouettes.

L’aspect a priori ludoéducatif des travaux de Rémi Tamain recèle parfois un regard chargé d’une humeur noire et d’une nostalgie poétique, mais dont la politesse de l’humour esquive le pathos. Langueur dont certains pairs contemporains de Rémi Tamain forment un ensemble, d’Erwin Wurm à Philippe Ramette ou plus anciens, comme Buster Keaton et Jacques Tati.

Il y a donc chez Rémi Tamain une phénoménologie du contreplaqué, matériau qui à l’instant de ses lignes apparaît comme une structure manufacturée exsangue de nodosités, et récurant pour la réalisation de ses travaux de sculptures.
Toutefois, il semble que le narratif ne soit pas absent de son œuvre. Ainsi, les titres qu’il indique pour ses pièces proposent une sorte de conte par le biais de cadavres exquis que construit le regardeur.

Gilles Forest

1) La Pauvre Alice, en mi-bas bleu marine, observe une leçon de chose dans le confessionnal du jardin d’éden, ou comment apprendre à faire un demi-Windsor parfait avec une cravate en tricot de soie bleu marine, pour une chemise en popeline blanche, une veste bleu marine à martingale en pantalon en tartan à dominante rouge, avant de consommer une vitole tout en amusant son mâtin de Naples.
2) En monks noirs à boucle double et une monture de lunette noire, planter des légumes de saison dans un plessis avant l’ouverture de la chasse au bois, chasse à courre des Porcstars avec un Kaléidoscope en kit.